Géroudet

Pour la plupart des observateurs, la Bouscarle n’est donc qu’un chant, un sifflet rageur qui surprend par sa soudaineté et sa violence. C’est une séquence de neuf à dix syllabes, coupée en général de deux césures qui détachent une ou deux notes bien frappées au début et à la fin ; le tout, proféré à une cadence très rapide, peut être représenté par les schémas : thi, thipitipitipi, thipi(tipi) ou vit-chou, vititchouvititchou, vitchou ! etc., et dure une à trois secondes. Les variantes sont légion : Trouche, qui a minutieusement étudié le comportement et la voix de la Bouscarle et auquel je dois la plupart des précisions de cet article, relève que chaque mâle prononce une strophe individuelle et invariable, qui permet de l’identifier. « Le cou soudainement tendu vers le ciel, la queue tombante et légèrement tremblante », l’oiseau lance sa clameur sauvage comme un défi ou une protestation, non seulement pour défendre son canton contre les voisins, mais aussi à l’adresse de l’homme qui pénètre dans son territoire. Entre les émissions, j’ai noté des intervalles assez longs, correspondant aux déplacements invisibles du chanteur. On entend ce chant peu ou prou toute l’année ; il bat son plein de février au début de juin, se tait presque entièrement en juillet, reprend en août-septembre et, de là au printemps, il retentit sans régularité au gré de l’influence du temps.
Les cris, moins fréquents, expriment diverses émotions. Une crécelle métallique et rythmée trahit l’alarme, l’inquiétude, ou sonne le ralliement ; souvent elle est combinée avec un pit... ou pittrrri... nerveux et métallique, volontiers répété ou seul. Le mâle jette encore des ti... tchi... sonores, exclamatifs comme la première note de son chant ; la femelle émet, lors des amours, des tic tic tic... faibles et lentement répétés. Les jeunes ont des cris de becquée suppliants ssiii... quand ils commencent à se déplacer. On note parfois un uit fin de Pouillot.
Le chant, qui dure 1,5 à 4 secondes et qui peut être répété 4 à 27 fois en une minute, est émis non seulement le jour, mais parfois aussi la nuit. On peut l’entendre même s’il gèle ou s’il y a du brouillard (M.C.).